Comme les biomédicaments, l’économie numérique va peser dans l’avenir sur l’emploi. Elle annonce un tournant majeur dans les moyens à mette en œuvre pour réinventer nos savoir-faire.
Dans l’agglomération tourangelle, l’économie numérique est représentée par 500 entreprises (informatique, web, audiovisuel, domotique, production). Sur ses 6500 emplois, la moitié sont le fait de startups de moins de 10 salariés. Connectées entre elles, par le biais d’associations locales et régionales très actives (Palo Altours, Webschool, CoopAxis, Ciclic, Centre&TiC, etc.), celles-ci diffusent la culture numérique.
Inaugurée par Tour(s)plus en mai 2013, la Cantine numérique leur est dédiée. Cet espace de « coworking » (entre développeurs, étudiants, chefs de projets, etc.) est le théâtre de conférences-événements autour des logiciels libres, d’outils collaboratifs, de l’Open data, ou bien encore du financement participatif (crowdfunding)... La technologie numérique n’y est pas abordée « comme un objet d’études qui fait peur, mais un moyen de mieux entreprendre », insiste Julien Dargaisse, président de Palo Altours.
La CCI Touraine, par la voix de son vice-président Gérard Vincent, témoigne de cette « transition numérique » et de l’intérêt qu’elle suscite : « La CCI Touraine organise depuis 2010 des réunions « Info Tonic » pour vulgariser les bonnes pratiques numériques au sein des entreprises. Sur les deux dernières années, plus de 500 personnes ont participé à une session. Les thèmes traités sont notamment : la découverte des réseaux sociaux, la création de son site internet, l’emailing, la communication multicanale… » En mars 2014, la première édition du « startup week-end » de Palo Altours rassemblait à la Cantine une soixantaine de participants : « Parmi eux, souligne-t-il, une vingtaine ont présenté une idée de startup. Les idées de concepts, de nouveaux modèles économiques, d’usages, foisonnent ! A nous de transformer ses bonnes intentions en entreprises ! »
Guillaume Le Baube
Fort de cette dynamique, le Maire de Tours Serge Babary, vice-président délégué au développement économique, a réuni autour de lui une centaine d’acteurs de l’économie numérique tourangelle pour « consolider un écosystème où la chaîne de valeur y est très morcelée », reconnaît Gérard Vincent. C’est un prétexte aussi pour « mieux connaître les compétences présentes sur notre territoire, et au quotidien savoir qui, localement, mobiliser afin de répondre au besoin d’un client, ou à un appel d’offres. Plus les entreprises travailleront ensemble, plus elles se connaîtront et feront émerger de nouveaux projets ex nihilo ». L’ancien site des imprimeries Mame est à présent destiné à développer les ambitions partagées du Maire de Tours d’ « un grand pôle de créativité, accélérateurs de startups innovantes ».
La présence d’un fab lab, ou laboratoire de fabrication numérique, doté d’équipements modernes (imprimantes 3D, machine de découpe laser, fraiseuses numériques, etc.) a été retenu. « Le fab lab, est en quelque sorte le pendant "physique" des communautés virtuelles d'entraide adeptes du "Do It Yourself" et issues de l'internet, explique Didier Roudaut, président du FunLab à Tours, version « beta » de ce futur « grand laboratoire d'usages et de réappropriation des technologies numériques par les citoyens. Un fab lab donne des moyens à tous, citoyens comme entrepreneurs, de fabriquer des objets "par soi-même" avec l'aide des outils numériques et le concours (si affinité) des personnes aux compétences diverses qui constituent sa communauté. C'est la communauté la plus variée possible qui fait la force d'innovation d'un fab lab. Les entreprises qui côtoient un fab lab, approchent ainsi un vivier de passionnés plein d'idées et leur rencontre enrichit les deux mondes. »Membre de CoopAxis, pôle territorial de coopération économique, Cyrille Giquello insiste sur « la dimension sociale de ces tiers lieux où il y a toujours une chaise pour l’autre. » Il permet « de transformer le rapport à la création en mélangeant les publics et de soutenir le désir d’entreprendre. On ne peut plus par ailleurs se payer le luxe d’attendre l’arrivée providentielle d’un gros employeur. On fait. »