Soutenir l’emploi

Pour que l’emploi reprenne des couleurs

La municipalité fait de la proximité un axe majeur de son développement urbain. La consolidation du tissu industriel et artisanal dans les quartiers implique de faire évoluer les « modes de faire ».

Nous soutenons les secteurs émergents qui portent les gisements d’emplois. 100 000 emplois pourraient être créés en France d’ici 2050 dans les services, la réparation, la maintenance, la cyclologistique et le vélo tourisme. La Ville accompagne la structuration d’une filière vélo sur le Grand Ouest.

Florian Hemme, conseiller municipal délégué aux affaires économiques.

Initialement dévolu à un quartier d’habitat avant 2020, le quartier du Menneton peut être cité comme l’exemple de la « fabrique de la ville » voulue par la municipalité, qui a voulu y maintenir des activités économiques. Le « pôle vélo » aura pour vocation de relocaliser en Touraine la production des différentes pièces qui composent un vélo, aujourd’hui majoritairement produites en Asie. Deux entreprises, Cyfac et Nouvelle Attitude, ont d’ores et déjà signé pour s’installer dans les anciens hangars de Meltis, une installation temporaire avant des constructions plus adaptées.

L’entreprise artisanale de vélos sur-mesure Cyfac, dirigée par Aymeric Le Brun, est l’héritière d’une histoire qui relie les victoires de Laurent Fignon et Jeannie Longo à celles attendues lors des prochains Jeux
Paralympiques de Paris 2024 avec les tandems en carbone pour les équipes de la Fédération
Française de Triathlon. « Sur les 800 000 vélos assemblés en France chaque année, 1 500 cadres sont fabriqués dans l’Hexagone, raconte Aymeric Le Brun. Avec nos 300 vélos, nous représentons donc 20 % de ce marché. »

Avec Cyfac, pour les cycles sur-mesure et Méral, pour les petites séries, l’entreprise prend son envol au Menneton sur 2 087 m² de locaux. Elle y sublimera son savoir-faire : la conception du cadre carbone Paradox©, léger comme une brique de lait, a par exemple nécessité 18 mois de développement. Cet atterrissage à Tours sera l’occasion de fidéliser les 21 salariés, formés en interne, qui vivent dans la métropole et constituent la richesse de Cyfac, bien plus précieuse que les pédaliers en titane ou les transmissions électroniques. « 70 % des salariés sont dédiés à la fabrication des vélos » et leur savoir-faire a permis à la société d’être inscrite par l’État sur la liste des « Entreprises du Patrimoine Vivant ». Tous les matins, en pédalant entre son domicile à Saint-Étienne-de-Chigny et ses ateliers, Aymeric Le Brun imagine
créer une « Cyfactory et une Cyfacademy » pour former des artisans et développer le vélotourisme, l’économie circulaire et la réparation.

J’ai acheté le vélo de mon facteur

Des concepts qui sonnent mélodieusement aux oreilles de Nouvelle Attitude, filiale du groupe La Poste qui emploie cinq personnes (huit lorsqu’elle démarrera au Menneton en décembre prochain) au
reconditionnement de vélos de facteurs, activité qui quittera la ZAC de la Liodière à Joué-lès-Tours. Les salariés en insertion sont employés pendant un an avec un suivi assuré par une conseillère en insertion professionnelle. « Il s’agit d’un tremplin vers un emploi stable, rappelle Marc Lerouilly, le responsable du site. Les premiers mois, nous les accompagnons pour qu’ils règlent leurs difficultés sociales, familiales, financières… Ensuite, ils peuvent bâtir un projet, passer le permis ou le CACES1. Nous les faisons
monter en compétences pour que les derniers mois soient consacrés à la recherche d’un emploi. »

Les vélos à assistance électrique (VAE) des facteurs sont réformés au bout de 5 ans et 26 000 km en
moyenne. « 70 % des pièces sont réutilisés. Les chaînes, la câblerie et la batterie sont neuves. » Les cadres sont repeints dans des couleurs qui diffèrent du jaune de la Poste pour éviter la confusion et les VAE sont personnalisables avant la vente (couleurs, bagagerie…). « Nous nous adressons aux particuliers mais aussi aux flottes d’entreprises ou de collectivités. » 1 000 vélos sortent des ateliers jocondiens chaque année, l’objectif est de doubler ce chiffre à Tours. Les entreprises souhaitant s’investir dans ce projet industriel du « pôle vélo » sont invitées à se faire connaître auprès de la Ville de Tours.

Initiative citoyenne, l’expérimentation Territoire Zéro Chômeur Longue Durée (TZCLD) se déploie sur les deux quartiers.

Objectifs : mobiliser les demandeurs d’emploi volontaires, recenser leurs compétences et les besoins du territoire pour créer une « entreprise à but d’emploi » qui proposera des CDI au SMIC. Partout en France, ça marche !

L’engagement d’Albert Dongmo au sein de l’expérimentation est une évidence. « J’ai créé en 2016 à Tours l’association « Essor des Jeunes – Actions Culturelles Communautaires Économiques Durables » dont le leitmotiv est que l’individu devient valeur ajoutée pour la société. Territoire Zéro Chômeur, ça me parle car il s’agit de faire émerger le potentiel de ceux qui sont cassés par le monde du travail. » L’hiver dernier, sur les marchés Velpeau et Saint-Paul, il avait testé un service de vélo-taxi : « un besoin réel pour les personnes à mobilité réduite et les plus âgées ».
La première expérimentation Territoire Zéro Chômeur Longue Durée (www.tzcld.fr) en 2016 a permis de créer 800 emplois dans 11 « Entreprises à But d’Emploi » (EBE), comme à Bléré
(www. laboitedacote.fr), qui débute avec 22 salariés – l’ambition est d’atteindre 130 – dans le végétal, la recyclerie et la conciergerie. Les salaires sont financés par la réaffectation des prestations sociales, des indemnités chômage et la facturation des services rendus. En 2017, ATD Quart Monde estimait le coût de la privation durable d’emploi pour les finances publiques à 43 milliards d’euros, soit 18 000 euros par personne et par an, ce qui équivaut à un SMIC. Ces entreprises de l’économie sociale et solidaire embauchent en CDI, au SMIC et à temps choisi (de quelques heures au temps plein).

Venez tester et co-construire les services

À Tours, l’association Co-Hop’ créée fin 2022, préfigure la future EBE sur le périmètre Sanitas-Velpeau autour d’une recyclerie « Recycl-Hop’ », une conciergerie « Quotid-Hop’ », un tiers-lieu convivial autour de l’alimentation « Food-Hop’ », un service de vélo-taxi « Mobil-Hop’ » et du maraîchage urbain « Végét-
Hop’ ». Les demandeurs d’emploi du Sanitas et Velpeau sont invités salle du Champ-Girault (8 rue Jean-
Bernard-Jacquemin) pour découvrir la recyclerie et le maraîchage chaque mardi de 14 h à 16 h, le vélo-taxi et la conciergerie le jeudi de 14 h à 16 h et l’ensemble du projet le vendredi de 10 h à 12 h. Mina Azzi est de l’aventure depuis l’origine. Elle habite le Sanitas depuis 2012 où elle s’est toujours investie, d’abord à la Croix-Rouge, au sein du collectif d’habitants qui réclamaient la réhabilitation des immeubles plutôt que leur démolition et, enfin, au conseil citoyen et au conseil de quartier (devenu Assemblée de Tours, lire p.12). « Ma boussole, c’est de rester positive, je m’en suis toujours sortie malgré les difficultés. Notre projet vise à constituer une entreprise à but économique qui proposera des activités non couvertes par le secteur marchand, à un public cible résidant depuis au moins 6 mois dans ces deux quartiers choisis. La démarche TZCLD permet de faire se rencontrer des offres d’emplois pérennes et des besoins non concurrentiels. Ce sont les personnes privées durablement d’emploi et volontaires qui construisent les champs d’activités de la future entreprise. » Sa rencontre avec ces personnes y fait écho : « Nous partons de leurs compétences : que savent-elles faire ? Que veulent- elles faire ? Qu’acceptent-elles d’apprendre ? »

« Remettre l’économie au service de la société »

L’expérimentation nationale s’est étendue en 2020 à cinquante nouveaux territoires que Tours veut
rejoindre. « L’idée, c’est de faire un pied de nez aux idées reçues : « les gens ne veulent plus travailler » ou « il n’y a plus de travail… », argumente Delphine Benedetti, éducatrice spécialisée dans la protection
de l’enfance qui s’est reconvertie comme régisseuse dans le spectacle vivant. On a rencontré beaucoup
de personnes qui nous ont expliqué quels sont leurs freins à l’emploi : la mobilité, les horaires, le logement…

Avec l’expérimentation, sur un petit territoire où l’on se déplace à pied, on lève déjà un certain nombre de ces obstacles. » Son engagement, elle le résume en une phrase : « Il est temps de mettre l’économie au service de la société ». Les semaines à venir seront décisives pour toutes celles et ceux qui s’investissent depuis quatre ans. L’association Co-Hop’ déposera la candidature du « Territoire Zéro Chômeur de Longue Durée Tours Sanitas-Velpeau » auprès de l’association nationale d’ici l’été prochain. Celle-ci puise son origine dans le principe énoncé par le préambule de la Constitution de 1946 : « Chacun a le devoir de travailler et le droit d’obtenir un emploi. »

Notre politique municipale est fondée
sur les aspirations des habitants, qui
sont à l’initiative de l’expérimentation
Territoire Zéro Chômeur. L’objectif
est d’éradiquer en quelques années le
chômage de longue durée qui touche
450 personnes sur le territoire de
l’expérimentation Sanitas-Velpeau en
leur proposant un emploi digne en CDI.
Thierry Lecomte,
adjoint au maire délégué à l’emploi,
à l’insertion et à la formation
professionnelle

Tours pour l’Emploi : 1 000 offres sur un plateau

Chaque année, au mois de mai, le Palais des congrès accueillera le forum Tours pour l’Emploi. 90 entreprises, 20 agences d’emploi et 10 CFA et organismes de formation seront présents.

On pourrait penser qu’à l’ère d’Internet, ces grands raouts étaient peu efficaces. C’est tout l’inverse.
« Les employeurs sont toujours en quête de nouveaux profils, rappelle Thierry Lecomte, adjoint délégué à l’emploi, à l’insertion et à la formation professionnelle. Les recruteurs s’intéressent aussi au savoir-être et pas
seulement aux qualifications. Ils peuvent former leurs recrues en interne ou s’appuyer sur les opérateurs de
compétences. Notre municipalité favorise l’accueil de ces forums pour peu que les entreprises se regroupent par branches et qu’elles ouvrent leurs portes aux personnes les plus éloignées de l’emploi. » Avantage décisif de l’entretien en face à face : un visiteur peut tout à fait correspondre à un profil de poste différent de celui qui l’intéresse.

La photo de votre CV

Pour organiser ce forum, la mairie peut compter sur la Mission locale et Pôle Emploi, sans oublier la Région
Centre-Val de Loire qui subventionne l’événement labellisé « Rendez-vous compétences emplois ». Les visiteurs
étudiants, apprentis, demandeurs d’emploi et salariés accéderont aux offres dans 11 domaines : action sociale,
commerce, services à la personne, banque et assurance, BTP, énergie, transition écologique, industrie, santé,
transport et logistique, hôtellerie et restauration.
Un professionnel proposera gratuitement de vous fournir vos photos numériques, un espace multimédia sera ouvert pour mettre à jour votre CV avec une aide si besoin et vous pourrez vous entraîner pour vos futurs entretiens. L’entrée au forum est gratuite. S’y rendre pourra s’avérer payant pour décrocher un poste tout comme lors des prochains rendez-vous place Anatole-France, à noter dans votre agenda : mardi 16 mai pour l’étape de « Place d’Avenir » organisée par Sanofi ou mardi 6 juin pour la « Semaine du Transport et de la Logistique » initiée par Pôle Emploi.

Les achats publics créateurs d’emplois

La clause d’insertion dans les marchés publics municipaux réserve plus de 6 000 heures en 2023 pour le retour à l’emploi de personnes éloignées du marché du travail, notamment sur les chantiers de l’école Camus-Maurois, de la patinoire ou des terrains de la Vallée du Cher. La Ville de Tours dépense en effet 50 M€HT par an pour ses achats dont 26,9 M€ directement injectés dans l’économie régionale. La municipalité a également obtenu des promoteurs privés qu’ils réservent des emplois aux habitants des quartiers et organisent la promotion des métiers du bâtiment dans leurs opérations aux Fontaines et à Saint-Sauveur. Enfin, le renouvellement urbain au Sanitas et à Maryse-Bastié, copiloté par la Métropole et l’État dans le cadre du NPNRU, mobilise plus de 65 000 heures d’insertion sur les chantiers qui s’y déroulent de 2020 à 2030.

Les associations qui agissent pour le retour à l’emploi soutenue par la municipalité

200 000 €

C’est le montant des subventions municipales ’est versées en 2023 à 15 associations qui agissent pour le retour à l’emploi. Parmi elles, la Mission Locale Touraine (première bénéficiaire), qui oeuvre auprès des 16-25 ans, mais aussi de plus petites structures à l’image de la compagnie théâtrale Les 3 Casquettes qui bâtit un programme pour « cultiver l’estime de soi » ou propose des formations aux « habiletés sociales (connaissance de soi, coopération, gestion des émotions) ».

Health Tech Station aux Casernes : 800 emplois dans les biotechnologies

Le bâtiment de 9 000 m² consacré aux biotechnologies et technologies médicales comprendra 1 200 m² de salles blanches, 120 places de laboratoire et des calculateurs. Au sein des casernes Beaumont-Chauveau, il sera bâti à proximité du Bio3 Institute, une mini-usine de bioproduction ouverte aux acteurs de la pharmacie en formation. Les entreprises (startups) y trouveront des capacités de production et un centre de données innovant (data center). 800 emplois pourraient y être créés (500 dans un premier temps) et les bâtiments devraient être livrés à partir du premier semestre 2024.

Construire la ville des courts chemins, c’est conserver l’emploi pour éviter de faire de Tours une ville avec une fonction résidentielle exclusive. Elle doit rester active et préserver les entreprises et les emplois sur son territoire : commerces,
services, artisanat, industries.

Cathy Savourey,
adjointe à l’urbanisme, aux grands projets urbains et à l’aménagement des espaces publics.

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