aymeric lebrun
© Ville de Tours - F. Lafite

Mobilité

Portrait de Aymeric Le Brun

Depuis 2008, Aymeric Le Brun dirige Cyfac, une entreprise reconnue au niveau national et international dans la production de cycles sur-mesure et en petites séries. Une reconnaissance acquise à la force du mollet.

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Né dans une famille de champions cyclistes, élevé au « bidon » autant qu’au biberon, Aymeric Le Brun savait faire du vélo à l’âge de 18 mois, avant même de parler. Dans sa chambre d’enfant, il dort avec ses vélos et rêve de poignées de dérailleur « Shimano » pour Noël.

Parler de passion serait un euphémisme : Aymeric a le cycle dans le sang, et son avenir semble se dessiner en ligne droite : devenir coureur professionnel. Son ambition le mènera jusqu’au titre de champion du Val d’Oise… dans la catégorie « mini-poussin »

On se fait souvent une montagne d’une petite côte

Son chemin semé de quelques « bûches » (pas moins d’une trentaine de points de suture au compteur) le ramène vers une trajectoire plus classique : bac scientifique, maîtrise d’économie gestion et DESS « économie du sport ». À la suite d’un stage chez Look, créateur de la pédale automatique, il intègre en 2002 Cyfac (acronyme de Cycle Fabrication Artisanale de Cadres) en tant que chef de produit. Créée par Francis Quillon en 1982, l’entreprise était alors sous-traitante dans la production de cadres en acier sur-mesure pour les plus grands champions cyclistes.

En 2008, en pleine crise financière, il ne se dégonfle pas et rachète l’entreprise en difficulté « pour ne pas gâcher l’excellence du savoir-faire et sauvegarder les emplois. On se fait souvent une montagne d’une petite côte ». Convaincu qu’il y a un héritage à préserver et un avenir à imaginer, il accélère l’allure et se positionne sur des marchés de niche, comme les tandems en carbone utilisés par des athlètes déficients visuels. Ultra-performants, les vélos Cyfac se hissent régulièrement sur les podiums paralympiques.

Un vélo qui raconte une histoire

Visionnaire, le jeune gérant flaire aussi que le vélo artisanal ne doit pas être réservé aux sportifs de haut niveau, mais qu’il peut aussi séduire les amoureux de la petite reine, amateurs éclairés ou esthètes initiés, qui veulent s’offrir « le vélo d’une vie ». Alors qu’il avoue être lui-même maladroit de ses doigts, Aymeric salue « l’intelligence de la main », cette excellence du travail manuel qui transforme un vélo en œuvre d’art, personnalisable à l’extrême, en fonction de la morphologie, des usages et des goûts de son propriétaire. « Dans l’atelier, le client peut rencontrer les artisans-artistes qui donnent naissance à son vélo et le signent de leurs initiales. Avant d’avoir roulé, le vélo a déjà une histoire à raconter.»

De tous les prix remportés, sa plus belle victoire est finalement l’obtention du label « Entreprise du Patrimoine Vivant » en 2012 : « la reconnaissance d’un patrimoine artisanal unique, créé par des femmes et des hommes passionnés qui n’ont jamais cessé de se réinventer ». Digne héritier d’un savoir- faire d’excellence, Aymeric est fier d’accueillir régulièrement le fondateur de l’entreprise et d’anciens salariés aujourd’hui retraités, qui transmettent la mémoire vive de ce patrimoine cycliste qui mériterait un livre entier.

Au Menneton, en tête de peloton

Le nez dans le guidon, le gérant ne perd pas de vue pour autant ses trois boussoles : la satisfaction du client, l’épanouissement des salariés et la viabilité économique de l’entreprise. Depuis janvier 2023, l’atelier de La Fuye, berceau historique de l’entreprise situé entre Savigné-sur-Lathan et Rillé, emménage progressivement dans la zone du Menneton. Un lieu stratégique pour assurer le bien-être de ses salariés cyclistes, créer un campus de formation, consolider des savoir-faire d’exception, et entraîner dans sa roue d’autres entrepreneurs afin de créer un nouvel écosystème dédié au vélo. Un nouveau challenge pour ce compétiteur qui avale les bornes (240 km par jour pendant ses vacances) comme des amphétamines: « c’est sur mon vélo que naissent les meilleures idées, les punchlines ».

À 44 ans, son rêve n’est plus «d’avoir les fleurs », mais de devenir un « chef d’entreprise inutile, c’est-à-dire que Cyfac roule toute seule, et que je puisse passer tout mon temps à tester des prototypes ».

Pédaler dans le bonheur, en somme !

BIO EXPRESS

29 octobre 1979

Naissance à Pontoise (95)

2002

DESS « Économie du Sport »

2002

Intègre Cyfac en tant que chef de produit

2008

Rachète l’entreprise avec un associé américain et devient gérant de Cyfac International

2012

Labellisation Entreprise du Patrimoine Vivant (EPV)

2018

Fait renaître la marque Méral dont Cyfac était l’héritier

2016-2021

Cyfac collectionne titres et médailles grâce à ces Tandems Carbone aux JO de Rio et Tokyo

2022

Cyfac gagne le Concours de Machines à Roubaix (regroupant les meilleurs artisans du cycle) et le Top des Entreprises (prix CMA 37)

2023

Cyfac s’installe dans la zone du Menneton à Tours

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