portrait de marcel fouquet avec un trophée
Marcel Fouquet centenaire et membre actif pendant 40 ans de l'association de boule de fort Le Soleil Levant chez lui a Tours le 13 fevrier 2024.

Portrait de Marcel Fouquet

La boule de fort chevillée au corps

Le centenaire, doyen du Club du Soleil Levant, est un personnage qui a marqué l’histoire de la boule de fort à Tours.

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Bien entouré par ses trois enfants, Marcel est heureux de faire partie des rares centenaires qui vivent encore en autonomie à domicile. Dans son appartement du quartier Velpeau, Gérard et Alain, ses anciens compagnons du club de boule de fort, viennent régulièrement rendre visite à celui qu’ils considèrent comme « un exemple pour nous tous ! ». En « doublette » ou en « triplette », chaque rencontre est l’occasion de feuilleter un siècle de souvenirs… Mais pas question d’approximation ! Marcel ne perd pas la boule quand il s’agit de retracer sa trajectoire professionnelle, lancée dans les vignes de Vouvray, pour s’achever chez Gault et Frémont à Saint-Pierre-des-Corps.

UNE VIE DE BOULISTE

  • 27 septembre 1923 : naît à Vouvray
  • 1970 : rejoint « La Boule Vouvrillonne »
  • 1983 : rejoint « Le Club du Soleil Levant »
  • 30 septembre 2023 : reçoit la médaille de la Ville de Tours

Maître de la patience et de la précision

D’abord adepte de la boule lyonnaise, Marcel se passionne pour la boule de fort dès 1970 : une activité découverte grâce à son ami Pierre Lothion (dont le fils dirige toujours le club de Vouvray), qui l’a entraîné vers la « Boule Vouvrillonne ». Inscrite au patrimoine culturel immatériel de l’Unesco, la boule de fort est un jeu traditionnel ligérien qui n’a rien à voir avec la pétanque, puisque les joueurs jouent en pantoufles sur un terrain incurvé avec des boules asymétriques (NDLR : à l’origine, les mariniers y auraient joué dans les cales des bateaux). Dans ces conditions, pas facile de placer ses boules au plus près du « maître » : l’équivalent du cochonnet. À Vouvray, Marcel entretient avec précision la courbe du terrain, qui était alors en terre battue : « Je
passais le rouleau sur une terre spéciale qui, une fois mouillée, restait compacte. Il fallait l’humecter, la rouler pour la durcir et garantir un terrain incurvé parfaitement régulier. »
Un travail très délicat qui lui valait une grande notoriété dans le cercle des boulistes. « C’était un homme très méticuleux, et ça n’a pas changé » confirme sa fille Colette.

Champion en pantoufles

En 1983, alors que la ville de Tours comptait encore une dizaine de terrains, Marcel choisit de rejoindre le « Club du Soleil Levant »* pour son ambiance conviviale et sa proximité. Grand pointeur, il portera haut les couleurs du « Soleil Levant » pendant 40 ans et s’illustrera dans de nombreux challenges, comme en témoigne la collection de trophées toujours exposée dans son salon. Même s’il se pratique en pantoufles et très lentement, « c’est un vrai sport, tient à préciser le champion : en deux parties, on parcourt environ 1,4 km ! ». Marcel est formel : les qualités d’un bon joueur sont « la concentration et la précision : c’est de la stratégie, tout est dans le mental ! ». Ce serait d’ailleurs pour cette raison, avance Gérard, que « les femmes sont de très bonnes joueuses : elles restent mieux concentrées et sont plus précises ». Il faut rappeler que les terrains de boule de fort leur ont longtemps été interdits, et que Marcel fut l’un des premiers à militer pour qu’elles aient le droit de jouer dans les années 70. « Son avis comptait autant, voire plus, que celui du président, se souvient Gérard. Quand il disait quelque chose, tout le monde le respectait ! »

« Notre Marcel du Soleil »

Réglé comme une horloge, Marcel se rendait tous les jours au club sur sa célèbre mobylette bleue pour s’entraîner, mais aussi pour retrouver ses compagnons. Car « la Boule, c’était avant tout un club d’amis où chaque anniversaire était fêté dans une ambiance joyeuse. Notre « Marcel du Soleil » était un bon vivant, toujours présent à toutes nos fêtes ! » rappelle Alain. « Les amis de la Boule, c’est ma deuxième famille », acquiesce Marcel, toujours présents pour le soutenir, même dans les coups durs, comme au décès de son épouse en 2008, nous souffle sa fille. À ses amis comme à sa famille qui viennent lui rendre visite, Marcel n’oublie jamais d’offrir un petit verre d’apéritif maison qu’il prépare lui-même : un élixir de jouvence,
dont il énonce les proportions par cœur. Avec l’amitié, la solidarité et la convivialité, ce serait bien la recette de
la longévité. À votre santé, Marcel !

* Le « Soleil Levant » est le dernier club de boule de fort tourangeau à avoir subsisté. Depuis novembre 2022, le terrain est sous le coup d’une fermeture administrative pour « risque de danger imminent » en raison d’un sol instable et de la présence d’amiante. Les anciens adhérents ont rejoint d’autres clubs (Monnaie, Azay-le-Rideau…) et certains se retrouvent au comité de quartier Beaujardin pour jouer aux cartes.

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